Hiver de misère...
A l’heure du bilan, le manque de neige en Suisse romande a marqué la saison hivernale 23/24 si bien que la plupart des Centres nordiques ont eu des activités réduites, voire très réduites. Avec peu de jours d’ouverture, le ski de fond a tourné au ralenti et de nombreux skieurs n’ont pas chaussé les lattes cet hiver ce qui s’avère particulièrement problématique avec notre système de cartes saisonnières. Par chance, d’autres régions du pays, comme la Vallée de Conches ou les Grisons ont connu un bon hiver. Les mordus de ski de fond ont pu se rabattre vers ces sites privilégiés pour assouvir leur soif de kilomètres. Par contre, de nombreux skieurs, attachés à une «pratique plus locale» du ski de fond n’ont pas mis le pied sur les pistes
Transition réussie pour le ski de fond helvétique …
Après l’ère Dario Cologna, le ski de fond de compétition suisse avait de grands défis à relever. Les craintes, de certains de voir le ski de fond suisse très loin des podiums, ne se sont pas justifiées. Bien au contraire, leurs prédictions ont été démenties. Les nouveaux venus et certains outsiders d’hier ont été pleinement dans le coup. Côté romand, la montée en puissance de la nouvelle génération, amorcée il y a quelques années déjà, se concrétise avec plusieurs coureurs qui s’illustrent au plus haut niveau. Il faut remonter très, très loin dans le temps pour retrouver autant de skieurs romands au sein des cadres de Swiss-Ski. Ainsi, Candide Pralong, Ilan Pittier, Antonin Savary, Pierrick Cottier, Estelle Darbellay Luc Cottier et Nolan Gertsch entrent dans les différentes cadres pour la saison prochaine. Il est également réjouissant de voir que, derrière cette vague de coureurs très performants, la relève se profile déjà avec une série de jeunes coureurs ambitieux. Grâce au travail des clubs et à l’obstination des organisateurs de courses, la plupart des compétitions destinées aux jeunes ont pu se dérouler presque normalement.
Les adieux au fluor…
La saison écoulée a également été marquée par l’interdiction des produits fluorés pour le fartage des skis de compétition. La Fédération Internationale de Ski a pris cette mesure, après plusieurs années de tergiversations, vu les difficultés de sa mise en œuvre. Il a surtout fallu mettre au point des procédés de contrôles fiables et la réglementation qui s’y rattache.
Pour rappel, ces produits hydrophobes, imperceptibles à l’œil nu, étaient largement utilisés pour favoriser la glisse. Cette interdiction a été prononcée pour des raisons de toxicité, au niveau de la santé des utilisateurs et au niveau de la pollution environnementale. Ainsi, pour les skieurs habitués au fartage fluoré, une page se tourne et une nouvelle ère commence !
En piste vers les transitions climatiques…
Aujourd’hui, le réchauffement climatique pousse à la réflexion dans de nombreux domaines et le ski de fond en moyenne montagne se retrouve en première ligne. Au niveau sport populaire, la situation peut se résumer schématiquement ainsi «Un hiver sans neige, ça passe, plusieurs hivers consécutifs sans neige ça casse» ! L’homme, le skieur de fond dans notre cas, a une grande faculté d’adaptation. Lorsque la neige est présente, il s’adonne au ski, lorsque la neige est absente, il se tourne vers d’autres activités.
Et, lorsque la neige revient, de nouvelles habitudes sont en place, le doute s’installe et le retour au ski de fond n’est plus nécessairement la voie choisie. Ainsi, il peut se mettre en place un processus d’érosion naturelle, qu’il faut admettre, et contre lequel il est difficile de lutter. Quelles mesures concrètes peut-on envisager pour limiter la casse ? Les stations alpines également concernées tentent de s’en sortir en imaginant, d’une part le Magic Pass et d’autre part en misant sur des activités poly-sportives 4 saisons. Côté ski de fond, et plus précisément Centre nordique, orienté aujourd’hui entièrement sur l’activité ski de fond, la marge de manœuvre est étroite car les domaines traversés sont des prés, des champs et des pâturages dédiés en grande partie au monde agricole hors de la saison hivernale. Avec de vastes réseaux de chemin et de sentiers dédiés à la marche et au VTT, l’offre estivale est bien implantée.
Dans ce monde touristico-sportif, le Centre nordique est appelé aujourd’hui à s’adapter et à se repositionner. Cela peut aller de la simple réduction de voilure à la disparition totale, en passant par milles variantes de collaboration et de regroupements judicieux. Plus que jamais, nombre de questions vont surgir à l’heure du renouvellement des engins de traçage, toujours plus chers, toujours moins utilisés ! Dans ce contexte, le choix va logiquement s’orienter vers des engins plus aptes à tracer par faible enneigement. Une synergie avec les milieux agricoles qui utilisent moins leurs tracteurs en période hivernale semble être une autre piste à explorer.
Le système de carte d’accès fragilisé…
Les hivers peu enneigés que nous vivons auront, probablement, avec un certain décalage dans le temps, des répercussions négatives sur les finances des Centres nordiques. Certes, les sorties damage sont moins nombreuses et les frais de traçage quelque peu réduits. Mais, à côté de cela, les frais fixes, assurance, balisage, locaux et autres demeurent. Dans ce contexte, les prix des cartes saisonnières, très favorables lors d’hivers enneigés, perdent vite de leur attrait pour les skieurs lorsque plusieurs hivers peu enneigés se succèdent. Avec comme principale conséquence, un passage en douceur vers les cartes journalières, plus difficile à encaisser et moins favorables pour les Centres nordiques.
Conscient du problème, le comité RSF s’est réuni spécialement, au début mars, pour analyser la situation sous tous les angles, en étudiant les possibilités de manœuvre compatibles avec Loipen Schweiz d’un côté et avec la France voisine de l’autre. Des nombreuses idées émises, il est ressorti qu’une tranche importante de skieurs, porteurs de la carte suisse romande, n’ont pas ou très peu skié. De ce constat a germé l’idée de faire un geste commercial à leur égard en proposant une réduction de prix pour ce type de carte et uniquement pour la saison 24/25 en précisant bien qu’il ne s’agit pas d’une baisse de prix mais seulement un geste de reconnaissance envers les fidèles skieurs qui n’ont que très peu ou pas chaussé les lattes. Cette mesure a trouvé un accueil favorable au sein de la majorité des Centres nordiques. Quelques Centres ont émis un avis contraire, avec l’argument recevable de voir leurs rentrées financières diminuer l’hiver prochain. Il faut comprendre que cette mesure a été prise comme « la réponse exceptionnelle, jugée la plus judicieuse, à une situation exceptionnelle ». En fait, les enjeux sont surtout importants pour le moyen et long termes. Avec le système actuel, le réchauffement climatique conduit à moins de jours skiables et donc à moins rentrées financières. Alors, il faudra peut-être revoir complétement le système dans un futur proche avec des solutions inédites à ce jour. En contradiction avec son histoire, le ski de fond va-t-il devenir une activité de luxe avec moins de pratiquants mais avec des prix d’accès beaucoup plus élevés ? Va-ton assister à la disparition de certains domaines skiables pour des raisons climatiques et financières? Ces questions n’appartiennent pas à un futur lointain mais au final, ce qui est sûr, la nature aura le dernier mot !
Le ski de fond est appelé à se réinventer au niveau du traçage des pistes et au niveau de son financement. Pour le futur immédiat, reste à espérer qu’on vivra une saison 24/25 bien enneigée et que le transfert des cartes saisonnières vers les cartes journalières ne sera pas trop important. En ce qui concerne les habitués de la carte suisse, ils présentent en général, un profil de skieurs plus enclin à se déplacer pour aller à la rencontre de la neige. De plus, RSF n’a pas de possibilité d’intervention directe sur le prix de la carte suisse, dans la mesure où certaines régions du pays ont connu un bon enneigement et une bonne fréquentation
Une brochure transfrontalière pour la promotion du ski de fond
Alors que le digital se développe de plus en plus, il est toujours important de produire également des documents papier dans lesquels le skieur peut laisser vagabonder ses pensées et découvrir de nouvelles pistes pour ses futures sorties. C’est dans cet esprit qu’une brochure papier a vu le jour, l’automne dernier. Elle présente les sites nordiques de l’arc jurassien franco-suisse. Cette réalisation est le résultat de la saine collaboration transfrontalière qui rapproche L’Espace Nordique Jurassien, côté français et Romandie Ski de Fond, côté suisse. Un grand merci aux initiateurs et aux réalisateurs de ce beau projet.
Retour sur la journée promotionnelle
Malheureusement, cette Journée festive, « Accès aux pistes gratuit », du 2 janvier, avec le soutien de Certina, n’a pas pu se dérouler faute de neige. Seul le Centre nordique Les Mosses a pu proposer quelques animations sur les hauteurs de son domaine.
Suite à cette annulation, les skieurs de tous les Centres ont eu l’occasion de participer à un grand tirage au sort. Les heureux gagnants ont été avertis et ont déjà reçu leur magnifique prix Certina par la poste. De plus, la remise du grand prix romand Certina se fera dans le cadre de notre Assemblée Générale.
En piste avec SuisseMobile
Le grand projet qui consistait à inventorier tous les parcours de ski de fond du pays sur le réseau SuisseMobile s’est réalisé, en très grande partie, avant le début de la saison hivernale.
Côté RSF, Jérémy Huguenin a fourni un travail de qualité pour assurer le transfert des données du terrain vers les bases de données de SuisseMobile, en collaboration avec les Centres nordiques évidemment. A noter qu’il a également été sollicité par Loipen Schweiz pour faire ce travail du côté de la Suisse alémanique. Merci à lui pour son engagement et son excellent travail.
Le ski a enfin son musée !
Comme la plupart d’entre vous l’ont appris, le Musée du Ski, Le Boéchet, a ouvert ses portes à la fin septembre 2023. Son objectif est à la fois simple et ambitieux, parcourir l’histoire du ski de ses débuts à nos jours, du ski polyvalent au ski ultraspécialisé, du ski alpin au ski nordique, sans oublier les pratiques plus fun actuelles. En résumé, un premier espace accueille une exposition semi-permanente qui retrace l’évolution générale du ski et un second espace plus petit est réservé aux expositions temporaires.
Attendre la neige, un nouveau sport !
Un grand merci à tous les acteurs et les actrices du ski de fond, qui année après année, s’investissent pour faire tourner la planète ski de fond. Resté motivé, être prêt et attendre fébrilement la neige, voilà le scénario qui se répète inlassablement. Ainsi s’écrit l’histoire du ski entre griserie lorsque la neige est là et frustration lorsqu’elle n’arrive pas. Un merci également aux fidèles skieuses et skieurs qui savent s’adapter et qui apportent leur soutien aux Centres nordiques. Un merci tout particulier à notre principal sponsor Certina pour son engagement pour la cause du ski de fond. Merci aux Assurances Helvetia qui renouvellent leur soutien à RSF depuis de nombreuses années. RSF remercie également toutes les associations, organes touristiques et autres institutions qui collaborent avec RSF.